27 décembre 2007

Chantier Débat & démocratie

Un rapide compte rendu de la séance "Débat et démocratie" du 16 décembre dernier, qui réouvrait ce chantier Polart par la lecture et discussion des Contre-réactionnaires. Le progressisme entre illusion et imposture, de Pierre-André Taguieff (Denoël, 2007).

. présentation de notes de lecture par Gérard Dessons, Katalin Kovacs et Claire Joubert - notes qui seront mises en ligne sur le site Polart prochainement, comme le seront également trois documents préparés par Jean-François Savang : bibliographie autour des "nouveaux réactionnaires" ; dossier des textes parus dans la presse lors de la controverse autour du livre de Lindenberg (Le Rappel à l'ordre. Enquête sur les nouveaux réactionnaires, Seuil, 2002) ; et présentation de P.-A. Taguieff, dessinant un contexte pour la lecture.

. discussion sur le projet du livre : la remise des textes est fixée pour le 15 janvier 2009, les prochaines séances de travail restant prévues les 9 février et 7 juin 2008. Aux contributions déjà prévues (voir la présentation générale sur le site) viennent s'ajouter trois nouvelles propositions : Mireille Bousquet (sur le phénomène de l'adieu à la littérature dans les lettres françaises contemporaines : W. Marx, T. Todorov, ...), Olivier Kachler (sur Alain Finkielkraut), et Katalin Kovacs (sur la situation politico-culturelle hongroise contemporaine, ou sur un point de l'histoire française du pamphlet).

18 décembre 2007

Un nouveau coup d'histoire de la littérature française

Jamais l'histoire littéraire ou l'histoire de la littérature (est-ce la même chose ?) n'aura été aussi visible au plan éditorial. A signaler donc la récente parution de deux épais volumes sous la direction de Jean-Yves Tadié, appuyé par une équipe de chercheurs presque exclusivement rattachés à la même institution, l'Université de Paris IV-Sorbonne :

La Littérature française - dynamique et histoire, Paris, Gallimard, "Folio-Essais", 2007, 1694 p.

t. I : Moyen Age, par J. Cerquiglini-Toulet ; XVIe siècle, par Franck Lestringant ; XVIIe siècle par E. Bury et G. Forestier.

t. II : XVIIIe siècle, par M. Delon ; XIXe siècle, par F.Mélonio, B. Marchal, J. Noiray ; XXe siècle par A. Compagnon.

13 décembre 2007

Jakobson...

Je voudrais répondre à l'intéressant commentaire qui a été fait du texte de GD à propos de style et manière dans le cas célinien. Le report qui est proposé à partir du schéma de la communication est assez singulier. Mais sans doute manque-t-il d'être développé, et il faudrait demander à son auteur d'en dire davantage.

La première difficulté qui s'élève est que le schéma jakobsonien hérite d'un modèle de la communication qu'il n'a pas lui-même inventé. Les notions d'émetteur et de récepteur, qui appartiennent déjà aux théories de l'information (avec ce qui s'y ajoute, le bruit, le code) ne sont pas des catégories porteuses en soi de spécificité pour une pensée du langage et de la littérature. Elles supposent une structure bipolaire entre les deux personnes de la communication, bien étrangère à la conception du sujet, intersubjectivité et transsubjectivité mêlées, qui est à l'oeuvre poétiquement dans le concept de manière. Notamment par ses bases du côté de la théorie de l'énonciation et de l'individuation linguistique développées chez Emile Benveniste. (Avec ce fait aujourd'hui, qu'une théorie linguistique de la communication peut difficilement se dispenser d'une théorie de l'énonciation)

La deuxième est liée au message, qui laisse croire au primat du contenu et du signifié, selon le vieux schéma dualiste du signe, occultant la part du signifiant de facto. Est-ce qu'une oeuvre littéraire est un message, peut s'appréhender sous cet angle ?

La troisième est que si "le style est inhérent au message", alors tout message aurait du style, ce qui met en cause la notion même de valeur, que promeuvent en premier lieu la plupart des stylisticiens. Le cas Bally étant plus complexe. Je déduis logiquement du propos l'implicite, mais je le pose ici en forme de question.

Pour le coup, il conviendrait peut-être de revenir à Jakobson lui-même lorsqu'il se demandait : "Qu'est-ce qui fait d'un message verbal une oeuvre d'art ?"

Sincèrement.

11 décembre 2007

Céline, Sarkozy, le style et la manière

"M. Sarkozy aime citer cette phrase de Louis-Ferdinand Céline : "Le style c'est final"." (Philippe Ridet, Le Monde, 09/02/07)

Le style comme finalité installe l'esthétique en lieu et place de l'éthique. En politique comme en poétique: "Je ne suis pas un homme à idées. Je suis un homme à style" (Céline, "Ma grande attaque contre le verbe", 1957). L'émotion, alors, remplace la réflexion: "Mon truc est de faire du vécu émotif, je fais passer l'émotion dans le langage écrit" ("L'art nous est hostile", 1958).

Cette partition entre l'esprit et le corps, le concept et le percept, le signifié et le signifiant, le sens et le rythme, c'est l'état du langage auquel concourt le style en tant que concept de l'individuation pérennisant le modèle du sujet cartésien. Simplement, en l'occurrence, le modèle est inversé: "Les idées, rien n'est plus vulgaire" ("Ma grande attaque contre le verbe"). Ce dandysme qui prône une aristocratie de la jouissance est clairement lié au mépris de la chose intellectuelle. Pour maintenir cette anthropologie réversible, la théorie du langage, politiquement et poétiquement, a besoin du style.

L'"homme à style" sait qu'il a un style. Il le soigne ("Je passe des années à faire des choses très fines" ("L'art nous est hostile"). Le problème, c'est qu'en tant que sujet de son langage, il ne peut pas être dans le style qu'il se donne, même s'il (pense qu'il) le vit, précisément parce qu'il se le donne. Le style chez Céline participe d'une éthique de l'apparence. L'apparaître y est la mise en scène dans le langage d'un être fantasmé.

Le sujet d'un discours n'est pas dans le style, il est dans la manière. C'est là, en retrait de la scène stylistique, que le sujet du langage se constitue: "J'écris dans une sorte de prose parlée, transposée. Je trouve cette manière plus vivante." (Lettre à Léon Daudet, non datée). Ici, dans cette poétique, la "sorte de prose parlée, transposée", c'est le style. La manière, c'est d'avoir ce style.

10 décembre 2007

Note éditoriale

Au titre de la responsabilité éditoriale du blog qui m'a été confiée par le comité scientifique de Polart, je retire de la publication pour la seconde fois ici un document dont la diffusion contrevient à la fois aux règles dont le comité scientifique de Polart s'est doté, au terme d'un travail de discussion collective longue et approfondie, et au principe scientifique du réseau. Côté principe : la force et les outils du réseau sont à la disposition de tous les membres pour des seules fins scientifiques, qui continuent par ce fait-même à construire le collectif de travail. Côté règle : on ne dispose pas individuellement d'un document qui appartient à la délibération du comité, et certainement pas sans son accord.

09 décembre 2007

Dossier LRU - état du 9 décembre 2007

Un nouvel état du dossier LRU (9 décembre) est maintenant en ligne sur le site Polart, toujours à partir de la rubrique Chantiers. Les modifications concernent pour l'instant principalement l'architecture du dossier. La suite à venir.
Lien direct : http://polartnet.free.fr/textes/chantiers_polart/DossierLRU9dec2007.rtf.

07 décembre 2007

Marcel Gauchet - lui toujours et encore

Deux récentes publications à verser au dossier "Débat et démocratie - à partir des "nouveaux réactionnaires", et pour cause :
- L'Avènement de la démocratie, t. I "La Révolution moderne", Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque des sciences humaines, 2007.
- L'Avènement de la démocratie, t. II, "La crise du libéralisme", id.

Information Polart

Chers tous (bis), 


Olivier KACHLER

A le plaisir de vous inviter à la soutenance de sa thèse
Effectuée sous la direction de Gérard DESSONS et intitulée


     Théories et poétiques de l'inconnaissable dans les symbolismes français et russes

Le vendredi 14 décembre, 14h.
Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis
Bâtiment A, salle A-010
(métro Saint-Denis Université, ligne 13)


Le jury sera composé de Messieurs les Professeurs 
Jean-Louis BACKÈS (Paris 4)
Gérard DESSONS (Paris 8, directeur)
Jean-Yves MASSON (Paris 4) 
  Henri MESCHONNIC (Paris 8)



Vous êtes cordialement invité au pot qui suivra la soutenance


Olivier Kachler - 7, rue Henri Ranvier, 75011 Paris - kachlero@free.fr - 01 43 71 46 97

06 décembre 2007

Traduction des Ecrits de Saussure

A noter : la publication, en juillet 2006, de la traduction anglaise des Ecrits de linguistique générale, de Saussure, chez Oxford University Press : Writings in General Linguistics, traduction de Carol Sanders et Matthew Pires.

Table des matières :
Pt. 1. On the dual essence of language (from the orangery manuscripts)
Pt. 2. Miscellany and aphorisms
Pt. 3. Further reflections on general linguistics
Pt. 4. Notes for the course in general linguistics
A Saussure bibliography 1970-2004 by Matthew Pires and Carol Sanders


La 4ème de couverture :
Ferdinand de Saussure's Cours de linguistique générale was posthumously composed by his students from the notes they had made at his lectures. The book became one of the most influential works of the twentieth century, giving direction to modern linguistics and inspiration to literary and cultural theory. Before he died Saussure told friends he was writing up the lectures himself but no evidence of this was found. Eighty years later in 1996 a manuscript in Saussure's hand was discovered in the orangerie of his family house in Geneva. This proved to be the missing original of the great work. It is published now in English for the first time in an edition edited by Simon Bouquet and Rudolf Engler, and translated and introduced by Carol Sanders and Matthew Pires, all leading Saussure scholars. The book includes an earlier discovered manuscript on the philosophy of language, Saussure's own notes for lectures, and a
comprehensive bibliography of major work on Saussure from 1970 to 2004.

It is remarkable that for eighty years the understanding of Saussure's thought has depended on an incomplete and non-definitive text, the sometimes aphoristic formulations of which gave rise to many creative interpretations and arguments for and against Saussure. Did he, or did he not, see language as a-social and a-historical? Did he, or did he not, rule out the study of speech within linguistics? Was he a reductionist? These disputes and many others can now be resolved on basis of the work now published. This reveals new depth and subtetly in Saussure's thoughts on the nature and complex workings of language, particularly his famous binary oppositions between form and meaning, the sign and what is signified, and language (langue) and its performance (parole).

28 novembre 2007

Conférence-débat sur la loi LRU - 5 déc., 15h, P8

A l'initiative de la présidence de Paris 8 :

Conférence-débat à Paris 8 - « La loi relative aux Libertés et Responsabilités des Universités » (LRU)
Mercredi 5 décembre 2007, à 15h00 (Amphi D)
Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis
2, rue de la Liberté – SAINT-DENIS

Le Président de l’Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis, Pascal BINCZAK, a le plaisir de vous inviter le 5 décembre, de 15h00 à 18h00, à une conférence-débat sur la loi dite LRU, relative aux libertés et responsabilités des universités.
Cette rencontre ouverte au public a pour but de débattre des orientations d’une loi envers laquelle la communauté universitaire exprime depuis quelques semaines une hostilité croissante.
La conférence-débat proposée par l’Université Paris 8 sera l’occasion d’évoquer les nécessaires transformations de l’université et de conduire une véritable analyse, minutieuse et contradictoire, sur les différents aspects de la loi qui suscitent interrogations et inquiétudes : gouvernance de l’université, engagement de l’Etat, gestion des ressources humaines, avenir de la recherche et des filières de formation supérieure, etc.

Entre autres intervenants :

Bertrand Monthubert, Président de l’association Sauvons la Recherche !
Jean FABBRI, Secrétaire Général du SNESUP-FSU
Jacqueline HEINEN, Présidente de la CP-CNU
Christophe CHARLE, Président de l’ARESER
Claude CONDE, Président de l’Université de Besançon Franche-Comté

Contact : Mariannick SEROT
01 49 40 66 85 / mariannick.serot@univ-paris8.fr

27 novembre 2007

Journée "Université critique" - samedi 1er déc.

Programme de la journée « Université critique pour tous » Paris VIII Vincennes St Denis
1er décembre 2007 :

Dans le cadre de la mobilisation pour l’abrogation de la loi dite « Libertés et Responsabilités des Universités » et afin de favoriser l’implication des personnels universitaires dans celle-ci, les initiateurs de « l’Appel de Paris 8 » contre la LRU, - pétition qui à la date du 26 novembre a déjà recueilli plus de 500 signatures-, organisent une journée « Université critique pour tous » le samedi 1er décembre 2007, à :Université Paris 8Métro Saint-Denis Université (ligne 13)Amphithéâtre D (bâtiment D)
(plan sur le site internet de l’université : http://www.univ-paris8.fr/article.php3?id_article=227)
Cette journée de réflexion et de mobilisation a vocation à aller plus loin que la seule critique de la LRU et à commencer à envisager des réformes alternatives. Elle s’organisera autour de courtes interventions de 20 minutes qui donneront lieu ensuite à des débats.

9h30-13h La révolution managériale des universités en Europe
- La politique universitaire européenneRoser Cusso, maître de conférences en sociologie, Paris 8
- Le financement des universitésFrédéric Boccara, économiste, INSEE
- Le statut des personnelsCendrine Berger et Christophe Poret, personnels BIATOSS Paris 8

Quelles missions pour l’université ?
- Le principe d’université comme droit inconditionnel à la critique, Plinio Prado, maître de conférences en philosophie, Paris 8
- La politique de la «qualité » dans les universités, Sandrine Garcia, maître de conférences en sociologie, Paris 9 (sous réserve)

Pause déjeuner

14-17h - Recrutements, pédagogie et réussite des étudiants
- Recrutement et rôle des enseignants chercheurs, Xavier Dunezat, professeur de sciences économiques et sociales en lycée, ancien maître de conférences en sociologie (Lille 1)
- Evolution des formations et des diplômes, Stéphane Bonnéry, maître de conférences en sciences de l’éducation, Paris 8
- L’échec en premier cycle : une fatalité ? Stéphane Beaud, professeur de sociologie, Ecole normale supérieure

La recherche et les services publics au péril de la marchandisation
- La perte d’autonomie de la recherche publique, Cédric Lomba, Chargé de recherche en sociologie, CNRS
- Marchandisation et services publics, François Castaing, PRAG, UFR TES, Paris 8

***

Vers le printemps des universités européennes :
Cette journée « Université critique pour tous » a vocation à être le prélude d’autres journées de réflexion. En effet, et grâce notamment à la mobilisation étudiante contre la LRU, l’Université française est entrée dans un intense processus de réflexion. Ainsi les pétitions, textes de fond, initiatives relatifs au fonctionnement comme aux missions de l’Université française se multiplient chaque jour. C’est pourquoi les initiateurs de « l’Appel de Paris 8 » envisagent de monter au printemps 2008 un colloque international rassemblant des universitaires ainsi que des étudiants venant de différents pays européens afin de faire le point sur les systèmes d’enseignement supérieur et proposer des alternatives à l’échelle européenne.
Pour tout renseignement concernant cette initiative et la journée « Université critique pour tous» écrire à : p8_contre_la_lru@yahoo.fr
Pour lire le texte de « l’Appel de Paris 8 » et signer la pétition : http://contrelalru.webfmr.com/

26 novembre 2007

Débat loi LRU - liens

.Cet item du blog a pour objet de constituer un recueil et index de liens dont nous avons connaissance vers les sites et les documents en ligne participant aux débats actuels sur la nouvelle réforme des universités. C'est le pan électronique du dossier loi LRU Polart, en complément à la documentation texte en cours de compilation dans le dossier "Loi LRU - situation de l'université, politique de la recherche" consultable sur le site Polart.

1. documents officiels

2. sites proposant des débats loi LRU et participant au recueil des documents

  • Pour une université démocratique. Site mis en place par l'équipe web du SNESup, dès juillet 2007, pour mettre à disposition informations et analyses syndicales, et fédérer la mobilisation contre la loi LRU. Le site est très riche : suivi des textes, actions et mobilisations, déclarations et motions, initiatives sur le web. Il héberge également la pétition dite "Appel des Cordeliers", lancée dès l'été 2007 à l'initiative de l'intersyndicale Enseignement Supérieur Recherche. Un formulaire est proposé pour s'inscrire au site pour contribuer aux débats ou faire passer des informations sur l'état des mobilisations dans les établissements et les collectifs.
  • volet loi LRU de la documentation SNESup : très fouillé et riche. Une visite régulièrement est indispensable pour un suivi détaillé.
  • Avenir de l'université - Paris 8 dans le débat. "Blog des personnels de l'université Paris 8 en lutte contre la loi LRU et pour un accroissement de la logique de service public d'enseignement supérieur et de recherche". Un travail de suivi des débats : textes d'analyse de la loi, appels de différents collectifs et instances, situation dans les universités, mobilisation étudiante à P8.
  • SLR - site de l'association Sauvons la Recherche. Une liste de diffusion est associée au site, l'inscription se fait sur la page d'accueil.
  • wiki Réforme de l'université. Rassemble quelques liens vers les textes légaux régissant la situation antérieure à la loi LRU, et vers les sites des syndicats mobilisés.
  • UNEF : Dossier spécial réforme université. Dont un rappel du calendrier du vote de la loi, depuis l'élection présidentielle du 6 mai 2007, et une série d'articles et de documents.

3. textes, analyses et documents - débats loi LRU

  • Appel de l'Université de Paris 8 Vincennes - Saint-Denis (16 nov. 2007). Texte rédigé par un groupe des sociologues de P8, en soutien à la mobilisation étudiante, et qui a fonctionné comme base pour l'article du Monde du 19 nov. 2007 et pour l'organisation de la journée "Université critique" à Paris 8, samedi 1er décembre.
  • Universités, le grand soir. Un film "cinessai" (68’) proposé par L'Autre campagne et Sauvons la recherche Paris. Réalisé par Thomas Lacoste. (La diffusion électronique de ce film est autorisé par les auteurs, qui demandent en contrepartie la mention suivante : Pour soutenir cette initiative et les futurs opus de la série "Réfutations" vous pouvez acheter le DVD 12 € (frais de port inclus) paiement en ligne http://www.lautrecampagne.org/ ou par chèque à l’ordre de L’Autre association, 3, rue des Petites Ecuries, F-75010 Paris. )

4. mobilisations

5. questions élargies et enjeux

  • repenser l'université : Paris 8 Autrement - site du collectif universitaire de Paris 8. L'initiative de cette réflexion sur l'université française, au-delà de la seule situation de Paris 8, a donné lieu à la rédaction d'une série de textes de fond, puis à la préparation d'Etats Généraux, tout au long de l'année 2006-2007. Le compte rendu de ces travaux est consultable en ligne, dans le site des Etats Généraux. Le collectif est également à l'origine de l'organisation de la journée "Université critique pour tous", programmée pour le samedi 1er décembre 2007 à Paris 8. Les interventions présentées seront mises en ligne prochainement sur le site du Mensuel de l'Université - site qui est en lui-même un foyer de réflexion sur l'université à dimension nationale et pluridisciplinaire (voir le projet éditorial du Mensuel).
  • financements des universités : Vie universitaire, n° 110. "Le mensuel professionnel de l'enseignement supérieur, des universités, des écoles et de la recherche". Dossier du n° 110 : "Comment boucler son budget : la solitude du coureur de fonds" "La recherche de fonds : bientôt une norme pour les universités ?" - "Des examples français", "Le cas de l'Angleterre", "Le statut des fondations" - pp. 26-27). Dans le même numéro, un dossier "Loi sur l'autonomie des universités : la parole à l'opposition parlementaire" (pp. 18-20), et recension de L'enseignement supérieur, une compétition mondiale ? (Revue internationale d'éducation, n°45, septembre 2007, Sèvres, CIEP)
  • situations à l'étranger : la présidente de Harvard University s'engageait, dans son discours d'investiture du 12 octobre 2007, pour défendre l'enseignement supérieur américain contre la quantification comptable des savoirs et contre la réorientation des missions des universités vers la formation de la main d'oeuvre nécessaire à la mondialisation. La loi dite "LRU" et le "modèle anglo-saxon" : Anne E. Berger (Centre d'Etudes féminines et d'études de genre, Paris 8 ; Département d'études romanes, Cornell University), commente le recours à l'argument du modèle américain pour les choix de politique universitaire dans la situation française.

6. dans le sens de la réforme

  • "Lettre aux éducateurs". N. Sarkozy Président de la République écrit aux enseignants à la rentrée scolaire 2007, ce texte daté du 4 septembre. S'y inscrit une conception de l'articulation entre la "société de la connaissance" (donnée comme condition de la société contemporaine), la culture générale, et l'éducation. Un contexte est ainsi situé pour la question de la fonction de l'université dans la société visée par cette orientation politique.
  • L'économie de l'immatériel et la croissance de demain. Rapport de la Commission sur l'économie de l'immatériel, dit Rapport Lévy-Jouyet (rendu le novembre 2006 - 184p). Un tour d'horizon massif qui rassemble informations et analyses d'un état du marché et des sociétés, sur fond de mondialisation post-industrielle, et donnant matière pour une politique européenne de la connaissance confortant l'orientation de la "stratégie de Lisbonne".
  • "Stratégie de Lisbonne". Objectif stratégique fixé par le Conseil européen de Lisbonne (2000), visant à faire de l’Union européenne « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d'ici à 2010, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale ». Objectifs : "préparer la transition vers une société et une économie fondées sur la connaissance, au moyen de politiques répondant mieux aux besoins de la société de l’information et de la recherche et développement, ainsi que par l’accélération des réformes structurelles pour renforcer la compétitivité et l'innovation et par l'achèvement du marché intérieur ; moderniser le modèle social européen en investissant dans les ressources humaines et en luttant contre l’exclusion sociale ; entretenir les conditions d’une évolution saine de l’économie et les perspectives de croissance favorables en dosant judicieusement les politiques macroéconomiques." [je cite ici les termes du résumé disponible en wiki]

25 novembre 2007

Coordination "Sauvons l'université"

Je transmets :

Appel des enseignants-chercheurs - « Sauvons l'Université »
A l'appel des collègues de Paris-8 signataires de la tribune « Les présidents d'université ne parlent pas en notre nom : pour une université collégiale » (Le Monde, 21 novembre 2007), des professeurs des universités, maîtres de conférences, ingénieurs de recherche, chargés de recherche et BIATOSS issus des universités Aix-Marseille-1, Besançon, Caen, Dijon, Grenoble-3, Orléans, Paris-1, 3, 4, 6, 7, 8, 9 et Rouen, ainsi que de l'EHESS se sont réunis à Paris-7 le samedi 24 novembre 2007.
Ils ont décidé de créer un site internet et une coordination intitulés « Sauvons l'université ». Le site abritera notamment une pétition reprenant le texte de l'article du Monde légèrement retouché, afin de recueillir des signatures de tous les membres de la communauté universitaire (en précisant les statuts de chacun pour compter à part les personnels, les doctorants et les simples étudiants). Le site de SLR [Sauvons la Recherche] reprendra lui aussi ce texte, avec un lien vers le site de « Sauvons l'Université ».
4 coordinateurs ont été désignés : Bertrand Guillarme (Paris-8), Alexis Grélois (Rouen), Annliese Nef (Paris-4), Jean-Pierre Vallat (Paris-7). Les collègues de Paris-8 se chargent de l'élaboration du site internet. D'autres collègues contacteront les syndicats et les étudiants.

Prenant la mesure de l'opposition à la loi LRU, les participants ont insisté sur la nécessité de faire entendre la voix de l'ensemble des personnels universitaires, aux côtés des étudiants, face à l'omniprésence du discours de certains présidents d'université. Tous ont insisté sur l'urgence d'une mobilisation visible des enseignants-chercheurs, chercheurs, administratifs et techniciens, tant dans les conseils des universités que dans les assemblées générales et les manifestations en cours, en élaborant par exemple des banderoles et des mots d'ordre communs. Même dans l'éventualité d'un reflux du mouvement des étudiants, qui n'est évidemment pas souhaitable, la mobilisation, la recherche de milliers de signatures et la circulation de textes courts d'intervention sur la loi, avec des contre-propositions, seront utiles.
Ils soulignent la nécessité de suspendre l'application de la loi et ils invitent les différentes instances à se prononcer en ce sens en refusant de mettre en place les nouveaux statuts et conseils des universités. Un modèle de résolution sera mis en ligne.
Une réunion commune avec SLR aura lieu le jeudi 29 novembre 2007 de 12h à 14h, probablement à Paris-6, sur le site de Jussieu (amphi à préciser).
Ils appellent le gouvernement et les présidents d'université à engager enfin une large concertation avec toute la communauté universitaire et scientifique, afin d'élaborer la loi de programmation nécessaire pour pallier le manque de moyens de l'enseignement supérieur et la réforme dont l'université a tant besoin. Ils estiment nécessaire une réflexion d'ensemble sur le système d'enseignement supérieur et de recherche et mettent en place des groupes de réflexion auquel tous les membres de la communauté universitaire sont conviés, et qui portent entre autres sur les thèmes suivants (susceptibles d'évoluer) :
1. Gouverner l'université
2. Financer l'université
3. Procédures de recrutement et statuts des personnels
4. Pédagogie
5. Recherche
6. Les universités dans le système de l'enseignement supérieur : classes préparatoires, grandes écoles, organismes, agences et universités

Aux malveillants

La LRU, dans le bon ordre, bien sûr...

La RLU ou la "quarantaine" du sens. Réflexions sur un micro-événement et son récit : la coordination nationale étudiante à Lille

LA « QUARANTAINE » DU SENS OU L'HISTOIRE EN COURS D'UNE CONTESTATION.


C’est un de ces récits courts comme il en fourmille en ce moment, un de ces fragments qui fabriquent l’opinion et le consensus. Je relis cette après-midi l’article du Monde du 24/11/07, que PMA nous a communiqué hier à propos de la coordination étudiante de Lille contre la RLU, dite Loi Pécresse. Je le cite en entier, on pourra le comparer avec la version disponible dans Libération. Avec la même source, le jeu des calques et des répétitions, les variantes témoins des sensibilités idéologiques. Les mêmes non dits et tâches aveugles devant l’événement :

L'Unef claque la porte de la coordination nationale étudiante contre la loi Pécresse
LEMONDE.FR avec AFP 24.11.07 20h38 • Mis à jour le 24.11.07 20h39
Les délégués de l'Unef ont quitté, samedi 24 novembre, la coordination nationale étudiante contre la loi sur l'autonomie des universités à Lille, en raison des tensions y régnant. Selon une porte-parole de l'Unef, une cinquantaine d'étudiants sur les 150 délégués présents ont refusé de siéger plus longtemps au sein de la coordination, qui doit se tenir jusqu'à dimanche, plusieurs militants de ce syndicat représentatif ayant été exclus d'entrée samedi de l'assemblée.
Les organisateurs reprochent notamment à l'Unef d'être dans une démarche de négociation avec le gouvernement. "Il y a un refus de l'organisation de la coordination à propos des négociations. C'est pour cela qu'ils refusent notamment des délégations du mouvement", a déclaré la porte-parole. "On appelle les AG à continuer à se mobiliser mais on considère que cette coordination n'est plus représentative du mouvement", a noté la représentante de l'Unef. D'après elle, "le point de clivage est sur la reconnaissance des syndicats étudiants représentatifs et sur le fait que ces syndicats vont négocier avec le gouvernement pour obtenir de meilleures conditions de vie étudiantes".
MÉFIANCE VIS-À-VIS DES MÉDIAS
La quatrième coordination nationale étudiante contre la loi sur l'autonomie des universités s'est ouverte samedi après-midi à l'université de Lille I (Sciences et technologies), en présence de quelque 300 délégués étudiants de toute la France. Les étudiants, venus de 67 universités et IUT, doivent débattre pendant deux jours pour définir leurs revendications. Mais cette quatrième édition s'ouvrait dans un contexte particulier. En effet, la coordination a toujours réclamé une abrogation de la loi Pécresse, en estimant cette demande "non négociable". Mais l'Unef, qui ne réclame pas le retrait du texte, avait jugé jeudi "un retour à la normale envisageable" dans les universités si le gouvernement ouvre des discussions et offre des "réponses satisfaisantes".
Comme lors des précédentes coordinations, la méfiance vis-à-vis des médias était très forte, des étudiants se montrant même parfois agressifs verbalement. Les journalistes étaient invités à rester dans une salle, rebaptisée par certains jeunes salle de "quarantaine". Après quatre heures d'attente sans pouvoir dialoguer avec des membres de la coordination, plusieurs médias ont décidé de ne pas la couvrir. "L'Unef refuse de cautionner cette ambiance très tendue et très violente à la fois vis-à-vis des délégations des étudiants et de la presse", a affirmé la porte-parole. Elle a précisé que les délégations jugées "litigieuses" ou "fausses" étaient rassemblées dans une salle où était inscrit sur le tableau noir "Bienvenue au goulag".
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L’événement n’est pas séparable de ses discours. Et une corrélation évidente s’établit entre la situation qui est faite aux médias, notamment la presse, et la parole qui vise à construire les faits.

La première caractéristique du récit est la dramatisation. Elle apparaît dans le titre « L’Unef claque la porte de la coordination nationale étudiante ». Elle insiste sur la fissure du front de la contestation contre la RLU, avec ce présupposé : l’Unef reste le syndicat qui jouit le plus d’une forte représentativité au sein de la base étudiante, problème relayé par le fait que l’Unef oppose cette même représentativité aux délégués présents dans cette coordination : « On considère que cette coordination n'est plus représentative du mouvement ». La scène des revendications a désormais cédé la place à la problématique du pouvoir : une division attendue et même espérée par le Ministère et le Président de la République qui refusent de revenir sur une loi adoptée, l’été dernier, devant la Représentation Nationale. La deuxième caractéristique est l’énonciation. Et le poids accrû du discours rapporté, qui ne s’explique pas seulement par l’usage des sources journalistiques et l’exclusion des médias au moment où se réunissait la dite coordination. Il n’est jamais question que de « porte-parole ». Récit désincarné et anonymé, qui met au jour le problème de la démocratie et du lien binaire, dualiste, entre représentants et représentés. Qui parle au nom de qui ? Mais cette question, essentielle dans l’expression syndicale, engage en vérité le statut du discours journalistique et son reportage des faits.

La troisième caractéristique est symbolique. En effet, ce récit est l’histoire d’une exclusion, de l’Unef mais aussi du monde journalistique. Parallèle appuyé. L’article ne se prive pas de rappeler le mot emblématique alors employé : « Les journalistes étaient invités à rester dans une salle, rebaptisée par certains jeunes salle de “quarantaine” ». Là encore, les auteurs du propos n’ont guère d’identités, ils sont différenciés au plan générationnel : « certaines jeunes ». Le terme quarantaine se charge, en l’occurrence, de toutes ses valeurs dans le domaine pathologique : entre protection et contagion. De fait, l’ostracisme des journalistes, perçu comme injuste et brutal, voire incompréhensible, redouble celui de l’Unef, les deux protagonistes “malheureux” s’inscrivant alors dans le même camp : « L’Unef refuse de cautionner cette ambiance très tendue et très violente à la fois vis-à-vis des délégations des étudiants et de la presse ». Ce qui a de lourdes conséquences sur la position implicitement adoptée par l’article devant les enjeux du mouvement. Et une traduction politique immédiate : « Bienvenue au goulag ». En résumé : le geste violent d’exclusion ne peut être le fait que d’une poignée de minoritaires radicaux, gauchistes partisans d’une terreur et d’une pratique totalitaire.

La quatrième caractéristique est l’inversion. De la « quarantaine » au « goulag », l’article ne cesse de suggérer qu’en excluant les délégués de la coordination s’excluent de même. De fait, ils sont immédiatement sanctionnés : « Après quatre heures d’attente sans pouvoir dialoguer avec des membres de la coordination, plusieurs médias ont décidé de ne pas la [la coordination] couvrir ». Mais lesquels ? Et à en croire le verbe utilisé, « dialogué », le lecteur est convaincu que ces médias étaient tous de bonne foi : sensibles à l’échange des informations, et disposés à rendre compte du débat et des enjeux du mouvement de contestation. À ceci près que la décision de ne pas « couvrir » l’événement pour certains d’entre eux a une autre portée : elle est là pour rappeler à la coordination dans son intolérance supposée ou avérée qu’en excluant elle se condamne à dépérir. À travers le récit postérieur aux faits, Le Monde et ses concurrents leur opposent implicitement le pouvoir de visibilité et d’audibilité qui est le propre de la machine journalistique aujourd’hui. Il n’est pas d’Événement ni d’Histoire qui ne supposent cette médiation nécessaire.

Un problème subsiste néanmoins, le fait que ces pratiques se sont déjà répétées « comme lors des précédentes coordinations ». Des journalistes s’en étaient déjà plaints à Rennes il y a quelques semaines. Derrière l’exclusion se joue pourtant autre chose, de bien plus fondamental. Je proposerai : une raréfaction du discours, qui alimente inversement le jeu des propos rapportés dans l’article. C’est-à-dire avant tout le refus de produire un sens consensuel. La « méfiance vis-à-vis des médias » va à l’encontre de leur pouvoir de dire l’événement. Mettre en quarantaine les discours officiels, légitimement soupçonnés pour la plupart, et Le Monde en tête, d’être largement complices de la politique gouvernementale, et d’être sans distance favorable au bonapartisme libéral, c’est aussi réaffirmer le besoin d’être les propriétaires du sens de l’événement que l’on est en train de produire et de vivre. Du moins de ne pas en être dépossédés. C’est réaffirmer qu’on est encore acteur du sens.

À ce titre, l’enjeu dépasse de loin les clivages idéologiques, l’anticapitalisme frontal et le gauchisme, spectres bien utiles qui ne sont certes pas étrangers à la réalité mais que les défenseurs de la LRU agitent sans cesse. L’enjeu porte sur la potentialité critique du mouvement, et ses virtualités conflictuelles vis-à-vis des forces qui contribuent au nom de la liberté, du dialogue, du respect, de la démocratie, à « un retour à la normale ». En toute hypothèse, et avec prudence, il me semble que c’est ce que rend lisible l’article en ses interstices et ses failles idéologiques, si je le prends comme archive du temps et parole sur l’actualité. Avec ce risque supplémentaire que cette proposition rapide d’analyse peut aussi contribuer à dérober ou à dissimuler le sens – pluriel – de l’événement et de l’action, en mettant fin quelque part à sa quarantaine comme je viens de le faire.

24 novembre 2007

Journée "Université critique" : Paris 8, 1er décembre

Je transmets cette annonce, concernant le débat actuel autour de la loi LRU, circulant sur la liste de diffusion Coordination universitaire - liste d'information des personnels de l'enseignement suprieur et de la recherche :

Journée du 1er décembre : suites de l'appel de Paris 8

A la suite de l'appel de Paris VIII contre la LRU, nous avons prévu une journée de réflexion et de mobilisation pour aller plus loin que la seule critique de la LRU et envisager des réformes alternatives. Sous l'intitulé provisoire "Sauver et transformer l'université critique", cette journée aura lieu le samedi 1er décembre à l'université Paris VIII.
Nous avons envisagé une liste de thèmes qui n'est pas limitative, notamment en mettant l'accent sur les "points chauds" de la réforme :
- missions de l'université et "professionnalisation"
- recrutement et services des enseignants chercheurs
- financement de l'université
- réussite

Nous avons ensuite pensé élargir ce programme, en lien avec la garantie d'une université critique pour tous :
- à la question des transformations actuelles de la recherche et ses liens avec l'enseignement supérieur
- à l'articulation entre enseignement secondaire et enseignement supérieur
- à la défense, plus largement, de la fonction publique (statuts et missions)

Si cette initiative vous intéresse, n'hésitez pas à nous le faire savoir ainsi qu'à la faire connaître autour de vous : p8_contre_la_lru@yahoo.fr
Davantage d’informations sur : http://avenirup8.canalblog.com/

23 novembre 2007

Appel Polart : textes sur la LRU

Chers tous,
il me semble qu'il serait intéressant de rassembler les textes analytiques (et textes de mobilisation aussi, bien qu'ils aient bien sûr un autre statut et une autre fonction) produits actuellement dans le travail de résistance à la loi LRU, et d'en faire un dossier pour le site Polart. Qu'en pensez-vous? J'ai gardé ceux qui circulent émanant de Paris 8 et des diverses listes de diffusion de Sauvons la recherche, la Coordination des universités, Multitudes, etc. Vous en avez certainement engrangé d'autres, y compris les tribunes récentes dans Le Monde, Libé, etc.
Qui d'entre vous aurait envie de se joindre à moi pour rassembler ces textes et en organiser une archive ? ça pourrait d'ailleurs ouvrir un chantier Polart suivi sur la politique de la recherche et de l'enseignement supérieur - discussion possible sur cette idée au prochain rdv Polart, le 16 décembre ?

21 novembre 2007

Différence des langues - B. Cassin, 13 décembre

Une séance de travail intitulée "Le chantier de la différence des langues. Au sujet du Vocabulaire européen des philosophies et de sa transposition/traduction vers d’autres langues", proposée par Barbara Cassin, aura lieu le 13 décembre 2007, de 14h à 18h, à la Maison de l’Europe de Paris (35 rue des Francs-Bourgeois, 75004 Paris, M° saint Paul, Inscription : debat@paris-europe.eu). Je reproduis le programme tel que je l'ai reçu :

Comment peut-on traduire des systèmes de pensée les uns vers les autres? Quelles sont les difficultés, les « os » ? Les « restes » ? Comment ces expériences conduisent-elles à mieux saisir les rapports de traduction /intraduisible à l’intérieur de l’Europe, mais aussi entre l’Europe et ses autres ?

Première séquence : le pari d’une mise en traduction du Vocabulaire européen des philosophie
Barbara CASSIN (philologue, philosophe et directrice de recherche au CNRS) et Etienne BALIBAR (philosophe, professeur émérite des Universités).

Deuxième séquence : les défis d’une traduction
Ali Ben MAKHLOUF, professeur de logique et de philosophie arabe à l’université de Nice-Sophia Antipolis et Ahmed ALAMI, professeur de philosophie à l’université Ibn Tufayl de Kénitra

Troisième séquence : les défis d’une traduction vers l’ukrainien et le russe
Constantin SIGOV, professeur de philosophie à l’Académie de Mohula à Kiev et Georges NIVAT, professeur à la faculté de lettre à Genève (sous réserve)

A noter également JEUDI13 DÉCEMBRE/20H/CONFÉRENCE / entrée libre
Quand L’Europe a mal Proposée par Barbara CASSIN
Saudade, Sehnsucht, Spleen, Dor, Nostalgie: comment parlent les Européens de cet état où l’âme et le corps sont en désordre ? Lorsque ça va mal, est-ce la même chose à Paris, Bucarest, Vienne ou Porto ? Comment cet état se manifeste-t-il dans les textes philosophiques et poétiques de langues et de cultures différentes ?
Avec la participation de Fernando SANTORO(Brésil), AncaVASILIOU (Paris)
Lectures par Christel WILLEMEZ.
01 42 71 44 50 / http://www.ccsparis.com/
Lieu: Centre culturel suisse de Paris, 38, rue des Francs Bourgeois (au fond du passage).

Parution : 20 ans de vie politique & intellectuelle

La revue Lignes (fiche d'identité : "Art . littérature . philosophie . politique") sort ce mois de novembre un n° 23-24 spécial anniversaire, intitulé Vingt années de la vie politique et intellectuelle, qui s'ouvre par une histoire de la revue par son créateur et directeur Michel Surya.
Textes de D. Bensaïd, M. Abensour, E. Balibar, B. Noël, etc. (22 textes au total, 470p.), + le sommaire des 60 (car il y a eu deux séries, et une suite de trois éditeurs) premiers numéros de Lignes : 1987-2007.
La revue dans l'histoire intellectuelle, et l'histoire éditoriale de la revue à l'intérieur de ce contexte, donc.

La rhétorique de dupe ou le mensonge d'Etat

En fait de discours politique, pleinement circonstanciel, daté d'aujourd'hui, 21 novembre 2007, celui de Mme la Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, dans la page "Rebonds" de "Libération", également lisible comme "Tribune" sur le site de son ministère. En voici le lien : http://www.liberation.fr/rebonds/292709.FR.php. On se délectera de l'emploi du syntagme, stratégiquement disposé, de "des étudiants et des enseignants-chercheurs farouchement attachés à leur indépendance", dans la mesure où :
a) la question de la recherche brille pas son absence, et ce silence est en lui-même instructif sinon édifiant ;
b) où l'autonomie conçue par le pouvoir comme autarcie financière, en légitimant un véritable flicage de la recherche, son étatisation optimale, a gravement remis en cause l'autonomie comme spécificité scientifique dans la loi promulguée le 10 août 2007.

20 novembre 2007

Discours politiques

Les Editions indépendantes annoncent la sortie d'un CD :

" 60 ANS DE DISCOURS POLITIQUES
De Mendes-France à Sarkozy..., l'occasion d'apprécier, dans le brouhaha ambiant, l'évolution de la rhétorique politique, notamment dans ses rapports aux médias...
Reunies sur un CD, 60 années d'actualité socio-politique divisées en cinq grandes périodes :
- Le temps des orateurs (De Gaulle, Malraux, Mendès-France,...),
- Le temps des expertises (Chaban Delmas, Pompidou, ...),
- Le temps des conversations de salon (Giscard d'Estaing, Chirac, ...),
- Le temps des secrets partages (Mitterrand, Balladur, Jospin,...),
- L'opinion souveraine, le temps des falsifications (Coppé, Royal, Sarkozy,...).
Des documents en contre-point qui situent ces joutes rhétoriques dans leurs contextes, et illustrent sans parti pris l'evolution des idées, des valeurs, et des rapports de pouvoir...

1CD - Format MP3
Tarif grand public : 15 EUR - Remise Education Nationale (étudiants, enseignants) : - 15 %
En savoir + - Commander: http://www.edindependantes.biz/achat/produit_details.php?id=8&catid=13 "

Universités, le grand soir

http://www.lautrecampagne.org/ pour regarder le film.

"Un film (68’) proposé par L'Autre campagne et Sauvons la recherche ParisRéalisé par Thomas Lacoste
Régulièrement les gouvernements de droite comme de gauche rêvent de prendre le contrôle sur l’Université et de transformer la Recherche en un vaste bureau d’études. Cette fois l’attaque est particulièrement brutale. Profitant de la crise profonde qui frappe des établissements universitaires dépourvus de moyens et confrontés à un afflux sans précédent d’étudiants, le gouvernement souhaite instaurer un système inégalitaire, localiste, autocratique, de plus en plus dépendant de la commande publique et privée.Dans ce film cinessai, chercheurs, enseignants, syndicalistes viennent démonter les pièges d'une réforme rétrograde et rappeler quelles sont les conditions de production et de transmission d'un savoir universel accessible au plus grand nombre qui devraient guider une réforme réellement progressiste de l'Université.

Avec par ordre d’apparition :- Christian de Montlibert, sociologue, professeur émérite à l’Université Marc Bloch de Strasbourg (CRESS), directeur de publication de la revue Regards sociologiques et président de l’Association des amis d’Abdelmalek Sayad. Auteur de Savoir à vendre : l’enseignement supérieur et la recherche en danger (Raisons d’agir, 2005);- Anaïs de Courson, comédienne;- Christophe Charle, historien, professeur à l'Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne) et à l'Institut d'étude politiques de Paris, membre de l'Institut universitaire de France, directeur de l'Institut d'histoire moderne et contemporaine (IHMC-CNRS-ENS) et président l'Association de réflexion sur les enseignements supérieurs et la recherche (ARESER);- Jacqueline Heinen, sociologue, professeure à l'Université de Versailles, présidente du Conseil d'administration de la CP-CNU (Conférence permanente du Conseil national des universités), membre du laboratoire Printemps (CNRS) et co-directrice de la revue Cahiers du Genre;- Eric Herbert, physicien, post-doc au Laboratoire ondes et acoustiques (LOA-ESPCI) à l'Université Denis Diderot - Paris VII;- Sophie Pochic, sociologue, chargée de recherche au CNRS, Centre Maurice Halbwachs (EHESS-ENS) et membre du Conseil d'administration de Sauvons la recherche Paris;- Daniel Steinmetz, chimiste, ingénieur de recherche au Laboratoire de Génie Chimique de Toulouse, élu au Syndicat national des travailleurs de la recherche scientifique (SNTRS-CGT) et au Conseil d'administration du CNRS;- Bernard Convert, sociologue, chargé de recherche au CNRS au Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (CLERSE) à l'Université de Lille I. Auteur de Les impasses de la démocratisation scolaire : Sur une prétendue crise des vocations scientifiques (Raisons d’agir, 2006);- Hélène Combes, politiste, chargée de recherche au CNRS (CRPS) à l'Université Paris I (Panthéon-Sorbonne) et membre Sauvons la recherche Paris;- René Bagorski, conseiller confédéral CGT chargé des activités de la formation initiale et continue;- Frédéric Neyrat, sociologue, maître de conférences à l'Université de Limoge (GRESOC) et membre de l'ARESER. Co-auteur de Universitas Calamitatum, Le livre noir des réformes universitaires (Editions du Croquant, 2003) et Pour l’éducation permanente (Syllepse, 2005)." Nous vous invitons à faire connaître et circuler le film "Universités, le grand soir". Il peut être publié sur des sites internet. Nous vous demandons cependant une seule mention obligatoire : Pour soutenir cette initiative et les futurs opus de la série "Réfutations" vous pouvez acheter le DVD 12 € (frais de port inclus) paiement en ligne http://www.lautrecampagne.org/ ou par chèque à l’ordre de L’Autre association, 3, rue des Petites Ecuries, F-75010 Paris. "

19 novembre 2007

Séminaire Actualité critique - D&D : 16 décembre

chers tous,
les réponses que j'ai recueillies jusqu'ici me permettent d'abord de confirmer la date du dimanche 16 décembre pour le séminaire Actualité critique, et d'ébaucher un premier programme : ont annoncé qu'ils participeront Arnaud, Pascal Maillard, Gérard, Katalin, Olivier, et moi. Nous nous retrouverons le matin, disons 10h-13h, le lieu restant à confirmer (Olivier nous a proposé l'hospitalité), puis pourrons déjeuner ensemble.
La matinée fonctionnera par simple tour de table, à partir de la lecture des Contre-révolutionnaires, de PA Taguieff - sa première partie, " Fabrication d'une légende : les 'nouveaux réactionnaires' ", en particulier. Chacun pourra donc disposer d'un petit quart d'heure pour une première présentation/réaction. Je vous propose, pour engager le travail discursif en profondeur et en dimension publique, de préparer des notes de lecture que nous pourrons mettre en ligne dans le Dossier du séminaire après la séance.
Evidemment toute nouvelle proposition de participation est la bienvenue.
amitiés,
Claire

18 novembre 2007

De la langue française

Retour sur le numéro 144 du Débat, avril 2007, qui en plus d'une série d'articles sur Les Bienveillantes, contient un dossier autour des Conversations sur la langue française de Pierre Encrevé & Michel Braudeau.
- Bentolila, Ne confondons pas variété et inégalité linguistiques !
- Jean-Marie Borzeix, Pour prolonger la conversation.
- Jean-Claude Chevalier, « La seule manière de défendre la langue, c'est de l'attaquer ».
-Erik Orsenna, Lettre à Pierre Encrevé et Michel Braudeau.
- Pierre Encrevé, Le salut par la littérature.
- Michel Braudeau, La défense par l'illustration.
- Henriette Walter, Présence des langues régionales.
- Paul Bogaards, Le château de cartes de la défense de la langue .
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Cette archive est évidemment à verser au dossier - à mes yeux hélas ! invisible dans Polart (à plusieurs reprises nous avons signalé des ouvrages, numéros de revues ou nous avons débattu autour de ces questions) - sur la "langue française".
Question qui, en elle-même, ne saurait évidemment être cloisonnée, et doit être mise en rapport avec les réflexions épistémologiques et critiques sur les comparatismes linguistiques, et toute la problématique des langues/cultures/traductions (Baneth & Joubert), celles-ci bien vivantes sur le blog et le site.

Revue - A noter

Critique n° 726, Les Editions de Minuit, novembre 2007.

Contributions de :
- Michel Serres : Peut-on dire encore le pouvoir spirituel ? Bruno Latour et Pasquale Gagliardi, Les Atmosphères de la politique.
- Alain Roger : La mémoire et l'histoire. Mémoires allemandes (sous la dir. d'Étienne François et Hagen Schulze). L'Italie par elle-même. Lieux de mémoire italiens de 1848 à nos jours (sous la dir. de Mario Isnenghi). Les Lieux de mémoire (sous la dir. de Pierre Nora).
- Jean-Louis Jeannelle : La poétique de la mémoire selon Susan Suleiman. Susan Rubin Suleiman, Crises of Memory and the Second World War.
- Nicolas Weill : Théologies politiques d'aujourd'hui.
- Sophie Nordmann, Du singulier à l'universel. Serge Margel, Le Silence des prophètes.
- Frédérique Mérie : Sous le lien du temps, Hélène Cixous et Pierre Pachet. Hélène Cixous, Hyperrêve. Pierre Pachet, Devant ma mère.
- Daniel Grojnowski : Atget, artisan photographe et auteur d'avant-garde. Atget, une rétrospective.
- Antoine Compagnon : Nazisme, histoire et féerie. Retour sur Les Bienveillantes de J. Littell.

16 novembre 2007

Correctif : sur le 'mouvement ridicule et odieux' des étudiants d'après Finkielkraut

Pour le lien audio, cliquez : http://podcast.blog.lemonde.fr/files/2007/11/finfel.1194873337.mp3

"La liberté de ton" du réactionnaire ou le bruit de chiottes d'Alain Finkielkraut

Extrait audio disponible sur le blog du "Monde", http://www.lemonde.fr/web/blogs/0,39-0,48-0,0.html

Invité de France Inter samedi dernier, Alain Finkielkraut , polémiste multi-récidiviste, n’aura pas manqué cette polémique-là. Les étudiants grévistes sont, non seulement des idiots qui n’ont rien compris, mais ils sont aussi un danger pour notre République. Pour le philosophe, la loi Pécresse sur l’autonomie des universités est indispensable pour sauver nos “universités clochardisées”.

14 novembre 2007

Colloque Traduction, traductions - EA 1569, Paris 8

Nouvelles indications logistiques pour ce colloque où doivent intervenir deux membre de Polart, Mireille Bousquet sur Beckett ("L'auto-traduction et la question de l'éthique du traducteur : le cas de Samuel Beckett", vendredi 16 nov., 17h30) et Claire Joubert (au sein d'une table ronde intitulée "L'Acte de traduire", jeudi 15 nov., 9h) ; annonce transmise par Noëlle Batt, organisatrice du colloque :

Compte tenu du bloquage de l'université aujourd'hui (13-11) et de l'incertitude de la situation pour les jours à venir, le colloque international de l'EA 1569 : "Traduction, traductions : confrontation, négociation, création" se tiendra le jeudi 15 et le vendredi 17 novembre dans les locaux du Musée d'Art et d'Histoire de St-Denis, 22bis, rue Gabriel Péri, St-Denis.
Le Musée est à 5 minutes à pied de la station de métro Porte de Paris (Ligne 13, trains signalisés en bleu). En voiture, il faut prendre l'autoroute A1 à la Porte de la Chapelle et sortir à la première sortie, direction Porte de Paris; prendre ensuite la direction du Théâtre Gérard Philippe (et non de St-Denis centre).
Le musée étant fermé le samedi matin, soit nous retournerons pour la journée du samedi 17 novembre à l'université (amphi D 003) si celle-ci est accessible, soit nous commencerons le samedi à 14h au musée et nous entendrons les communications prévues pour la journée en écourtant les tables rondes.
Je vous prie d'excuser ces ajustements de dernière minute et vous remercie de votre compréhension.
Bien cordialement,
Noelle Batt - 06-83-52-32-18

Séminaire Diversité des langues

Le séminaire Diversité des langues et poétique de l'histoire, projet commun à IndeA (groupe de recherche sur l'Inde anglophone, Rennes 2), le Texte étranger (groupe de recherche en littérature anglaise, Paris 8), et Polart - poétique et politique de l'art (réseau transdisciplinaire), reprend ses travaux à cette rentrée 2007.
Cette collaboration, initiée en 2005-2006, ouvrait les travaux avec un programme de lecture collectif sur un ensemble de textes explorant les enjeux de l'historicité du langage, dans les rapports entre la diversité des langues et la littérature - pour un travail critique sur la philosophie de l'histoire, réinterrogée par le poème. Une chronique bibliographique des travaux du séminaire est en ligne sur le site Polart.

La question au programme de cette année : "Quelle société de la connaissance? Vocabulaire et institution". L'argumentaire complet est consultable sur le site Polart.
La première séance du séminaire se tiendra le vendredi 30 novembre, 17h30-20h, à l'université Paris 8 (M° Saint-Denis Université, rdv salle B 344). Les interventions prévues feront la transition entre le programme engagé précédemment - diversité des langues et poétique de l'histoire donc - et les nouvelles questions vers lesquelles nous orientons la réflexion : Pascal Michon (Polart) sur Gadamer et les langues, Yves Abrioux sur Benjamin avec Deleuze, et E. Baneth-Nouailhetas et C. Joubert : introduction à la problématique de l'année.
Deux autres rendez-vous sont prévus : les vendredis 25 janvier 2008 et 18 avril, 17h30-20h, à Paris 8.
En espérant vous retrouver à cette occasion, et concevoir avec vous la suite des travaux de l'année.
Bien à vous,

Emilienne Baneth-Nouailhetas et Claire Joubert

13 novembre 2007

A signaler

La Lettre et l'image. Nouvelles approches, numéro 54 de Textuel, Université de Paris 7, organisé par le Centre d'étude de l'écriture et de l'image (dir. Anne-Marie Christin).

10 novembre 2007

A quoi sert l'identité nationale ? Noiriel à Compagnie

je transmets cette annonce :

Rencontre : A quoi sert l'identite nationale ?

Gérard Noiriel montre que la logique identitaire, née au XIXe siecle, a constamment alimenté les discours nationalistes. Organisee encollaboration avec le Comite de Vigilance sur les Usages de l'Histoire(CVUH), rencontre avec Gerard Noiriel sur "A quoi sert l'identite nationale ?", mardi 20 novembre a 18h Librairie Compagnie, 58 rue des ecoles, 75005 Paris
Information :01 43 26 45 36, libcompagnie@wanadoo.fr.

La question de l'identite nationale a ete remise au centre de l'actualite politique par Nicolas Sarkozy pendant la campagne electorale des presidentielles. Devenu chef de l'Etat, celui-ci a cree un ministere del'Immigration et de l'Identite nationale ce qui est un fait sans precedent dans l'histoire de la Republique francaise. Huit historiens ont aussitot demissionne de la Cite nationale de l'histoire de l'immigration, estimant que cet intitule ne pouvait que conforter les prejuges negatifs a l'egard des immigres.
Gerard Noiriel montre que la logique identitaire, nee au XIXe siecle, aconstamment alimente les discours nationalistes. Il rappelle que, au cours des annees 1980, c'est Jean-Marie Le Pen qui a popularise, dans l'espace public, l'expression '' identite nationale '' pour stigmatiser les immigres. Analysant les usages de cette formule dans le discours du candidat Sarkozy, il donne des elements pour eclairer les nouvelles strategies aujourd'hui a l'oeuvre dans le champ politique.
Historien, directeur d'etudes a l'EHESS, president du Comite de vigilance sur les usages de l'histoire (CVUH), Gerard Noiriel est membre demissionnaire du conseil scientifique de la Cite nationale de l'histoire de l'immigration.
Premier titre de la collection "Passe et Present" (collection du CVUH) lire le manifeste du CVUH : http://cvuh.free.fr/spip.php?article5 En librairie depuis le 26 octobre 2007, Editions Agone.

Enseignement supérieur : financiarisation, compétition

Je reçois ceci par circulaire mail :

Voilà un document qui va mettre de l’eau au moulin de ceux qui dénoncent vigoureusement la loi sur l’autonomie des universités, en tant qu’elle remet en cause le caractère de service public des universités et l’égalité entre les établissements (du point de vue des dotations de l’Etat).
Pour bien apprécier la portée du message du directeur de Sciences Po Paris, il faut savoir que Sciences Po est un établissement géré par une fondation de droit privé depuis 1946 et qu’à ce titre il est une préfiguration ancienne de ce que vont (ou risquent de) devenir les plus grandes de nos universités. Sciences Po a donc une longueur d’avance et compte bien en profiter. Il y a donc fort à parier que les autres universités n’auront d’autres choix que de créer à leur tour leurs propres fondations. Malheur aux moins prestigieuses d’entre elles !
On vit une époque formidable !
Frédéric Sawicki (sur la liste de discussion de Sauvons la Recherche, "SLR débats").

(c'est moi qui souligne : )
----Message réexpédié----> De: "Richard Descoings"
Date: Tue, 06 Nov 2007 14:27:50 +0100
Sujet: Construire avec Sciences Po
A: Paris, le 6 novembre 2007
Cher X, Révolution dans le monde de l'Université et des Grandes Ecoles : le Parlement a décidé cet été que c'est de plus en plus par des crédits d'impôts au bénéfice des particuliers et des entreprises que seront financés les établissements d'enseignement supérieur et de recherche.
Ainsi, 66 % des dons que vous accepteriez de faire à Sciences Po en 2007 seront déductibles du montant de l'impôt sur le revenu que vous paierez en 2008 (dans la limite de 20 % de votre imposition). Et si vous êtes redevable de l'ISF, vous pourrez verser à Sciences Po jusqu'à 50.000 euros au titre de cette imposition.
En somme, vous avez désormais le choix entre verser vos impôts à l'Etat ou bien vous en acquitter, à hauteur des 2/3, par une affectation dont vous décidez vous-même.
Cette révolution financière est aussi une révolution culturelle. Elle me conduit à vous demander de soutenir Sciences Po, à titre personnel, ce que, contrairement aux universités anglaises ou américaines, on n'a pas l'habitude de faire en France. Nous allons être sûrement nombreux à nous concurrencer pour tenter de vous convaincre. Saine émulation !
Alors pourquoi choisir Sciences Po plutôt que les autres ? Et, dans ce cas, à quoi servira votre argent ?
Choisir Sciences Po aujourd'hui, c'est nous juger sur des résultats : l'intégration internationale des études, la diversité sociale du recrutement de nos élèves, la professionnalisation de notre diplôme qui confère désormais le grade de master, la présence de nos chercheurs dans tous les grands débats de société.
Soutenir financièrement Sciences Po aujourd'hui <http://neomailing.publicis-technology.com/r/? , c'est nous permettre d'être un champion universitaire français dans la compétition internationale. Les idées, le sens de l'innovation, l'énergie, nous les avons, vous le savez. Avec vous, et seulement avec vous, nous réunirons les moyens de réaliser cette ambition.
Vous pouvez plus précisément vous informer sur notre campagne de levée de fonds sur le site : http://www.construire.sciences-po.fr/ > <http://neomailing.publicis-technology.com/r/?
Avec toute ma gratitude et l'engagement personnel de mériter votre confiance,
Richard Descoings
(directeur de l'IEP depuis 1996)

Séminaire Actualité critique (3)

Chers tous,
la date proposée pour la prochaine séance du séminaire Actualité critique - séance consacrée à la réouverture du chantier Débat et démocratie, à partir de la discussion des Contre-réactionnaires. Le progressisme entre illusion et imposture, de PA Taguieff (Denoël, février 2007) - est celle du dimanche 16 décembre. A savoir également : Arnaud et Katalin seront tous deux à Paris à cette date, ce qui fait d'elle un choix particulièrement opportun. Veuillez me faire savoir si la date vous convient, matin ou après-midi (mais le repas de midi serait bon à inclure dans un cas comme dans l'autre, pour les échanges informels). La question du lieu n'est pas réglée : any suggestions ?
Je propose qu'on fonctionne simplement en tour de table puis débat ouvert - à partir spécifiquement de la lecture de la première partie (200p. sur 600) : "Fabrication d'une légende : les 'nouveaux réactionnaires' ", puis aussi large qu'on voudra. C'est pourquoi nous avons besoin de savoir rapidement qui voudrait participer, pour avoir une idée du temps d'exposé qu'on peut se permettre chacun.
Voir aussi s'il y a d'autres chantiers qui veulent profiter de la date mobilisée aussi ?
Merci de m'envoyer vos réponses avant samedi prochain ; je ferai une annonce récapitulative à ce moment.
amitiés à tous,
Claire

04 novembre 2007

La scientificité des Sciences humaines

Information transmise par Thierry Martin, que je reproduis ici.

Association pour la Non Réflexion (organe moderne dit ANR)

Sur l'ANR, je crois que le plus beau, c'est quand même "la création : acteurs, objets, contextes". Au vu du vaste chantier que cela veut englober, l'axe se définit lui-même par les notions les plus transversales, fourre-tout et vides : "création", "acteurs", "objets", "contextes". Le programme d'Etat comme incitation à la déconceptualisation.

A noter même avec du retard

Un volume collectif, paru en janvier 2007, sous la direction de Jean-Marie PAUL, Presses universitaires de Rennes, Le Peuple, mythe et réalité, 165 p. Contributions de chercheurs associés au Centre d'Etudes et de Recherche sur Imaginaire, Ecritures et Cultures - CERIEC (UPRES EA 922) - Université d'Angers.

02 novembre 2007

Politique de la recherche : programme ANR 2008

La programmation ANR 2008 est maintenant publiée, en ligne sur le site de l'agence (Agence Nationale de la Recherche, donc). Accompagnée d'un tableau indiquant les évolutions entre 2007 et 2008.

Cette programmation donne les cadres d'une politique de la recherche pour l'année ; on peut donc y lire à la fois un choix des questions en vogue, sur l'éventail complet des disciplines, et les inflexions, formulations, et cohérences politiques propres à ce nouvel acteur de la "tutelle".
Pour les sciences humaines, quatre directions sont retenues :

  1. gouverner - administrer
  2. la création : acteurs, objets, contextes
  3. les formes et mutations de la communication : processus, compétences, usages
  4. formes de vulnérabilité et réponses des sociétés.

On a déjà dans les seules formulations des marqueurs éloquents. La "vulnérabilité" est le concept qui me sonne le plus caractéristiquement à l'oreille, quant à moi. (Victimological turn, or what?)

A signaler

Etude à consulter en ligne :

Arnaud Bernadet, "La manière et le style", AE - Canadian Aesthetics Journal / Revue canadienne d'esthétique, summer / été 2007, volume 13, http://www.uqtr.ca/AE (http://www.uqtr.ca/AE/Vol_13/index.html).
Cet article prend la suite de "Pour une poétique de la manière", Critique, n° 706, Paris, Les Editions de Minuit, mars 2006, p. 255-270.

30 octobre 2007

publication récente - regards monographiques sur Verlaine

Lectures de Verlaine, Poèmes saturniens, Fêtes galantes, Romances sans paroles, sous la direction de Steve Murphy, Presses universitaires de Rennes, octobre 2007, 314 p.
Contributions de S. Murphy, P. Brunel, H. Scepi, B. de Cornulier, D. Combe, S. Dupas, J.-P. Bobillot, A. Bernadet, N. Wanlin, M. Pakenham, G. Kliebenstein, J.-L. Steinmetz, Y. Frémy, P. Lécroart, G. Dessons, C. Hervé, S. Whidden, J. Dürrenmatt.

Narratologies contemporaines

Pour un aperçu d'une question qui intéresse la recherche en littérature actuellement en France, je joins le programme du Séminaire du CRAL (CNRS/EHESS) :

Narratologies contemporaines - programme 2007-2008 : I. Récit factuel, récit fictionnel

Responsables : Annick Louis (Maître de conférences, Université de Reims), John Pier (Professeur, Université de Tours), Philippe Roussin (Directeur de recherche, CNRS) et Jean-Marie Schaeffer (Directeur de recherche CNRS, Directeur d’études EHESS)

Le séminaire Narratologies contemporaines a pour objectif de contribuer au renouveau international en cours des travaux dans le domaine des théories du récit. Il se déroulera pendant trois années consécutives. Au cours de l’année 2007-2008, le séminaire portera sur le réexamen de la question du récit factuel et du récit fictif. Il traitera, notamment, des problèmes théoriques et méthodologiques suivants : les effets du privilège accordé par la narratologie classique au récit de fiction ; l’existence ou non de propriétés textuelles, syntaxiques ou sémantiques permettant d’identifier un texte comme un récit de fiction (J. Searle) ; la détermination et la présence d’indices de fictionnalité (K. Hamburger) ; la nature différentielle de la relation entre l’acte de rapporter et l’acte d’inventer dans le récit factuel et dans le récit fictif ; la réflexion des legal studies sur le factual narrative, les propriétés narratives et les domaines nouveaux du récit factuel.
Les deux années suivantes seront respectivement consacrées, pour 2008-2009, aux rapports entre récit de fiction et cognition, pour 2009-2010, aux usages sociaux des récits.

Premières séances - EHESS, salle 07, 17h-19h, 105 Bd Raspail, 75 006 Paris :
Mardi 6 novembre 2007 : Philippe Roussin (CRAL, CNRS/EHESS) : « État de la question »
Mardi 20 novembre 2007 : Jean-Marie Schaeffer (CRAL, CNRS/EHESS) : « À quoi sert la fiction ? »
Mardi 4 décembre 2007 : Christian Salmon (CRAL, CNRS/EHESS) : « Storytelling : la machine à fabriquer des histoires»
Mardi 18 décembre 2007 : John Pier (Université de Tours, membre associé au CRAL) : « La narrativité dans le récit fictionnel et dans le récit factuel »

Paris 8 sur l'université

Le compte rendu des travaux des Etats généraux de Paris 8 est maintenant consultable en ligne. Cette entreprise, qui a commencé à mobiliser l'université l'année dernière (et à un degré et selon une géographie des disciplines et des instances qui sont justement soumis à appréciation), a un intérêt contextuel tout à fait important, dans les conditions de la politique actuelle de sape des institutions du savoir. Paris 8 n'est pas un élément comme un autre dans le paysage universitaire français, on le sait. Elle fait ici, comme toujours, effet de révélateur.

Les travaux des Etats généraux se poursuivent cette année. Premier rendez-vous le lundi 5 novembre (14h00-17h00 Amphi D).

29 octobre 2007

Chantier Débat et démocratie : argumentaire en ligne

Le chantier Polart "Débat et démocratie. A partir des nouveaux réactionnaires" reprend à cette rentrée 2007. Un bref historique de ce projet d'ouvrage collectif, et l'argumentaire, sont en ligne dans la rubrique Chantiers du site - ou, pour un accès immédiat au document pdf : ce lien. Une bibliographie développée est en préparation, et sera mise en ligne dès que disponible. Le chantier reste bien entendu ouvert à tous les membres de Polart désirant s'y adjoindre.

Le séminaire Actualité critique ouvre ses séances à ce chantier pour les prochaines séances programmées. La première date retenue est le dimanche 16 décembre (elle est encore à débattre et confirmer) : table ronde autour de la lecture d'un des textes récents à prendre appui sur la notion mise en débat par Daniel Lindenberg en 2002 (dans Le Rappel à l'ordre. Enquête sur les nouveaux réactionnaires, Seuil) : Les Contre-réactionnaires. Le Progressisme entre illusion et imposture, publié par Pierre-André Taguieff chez Denoël, en février 2007.

Les dates suivantes proposées : samedi 9 février 2008, et samedi 7 juin 2008. Contact : CJ.

26 octobre 2007

publication : SEMEN n° 24 - Linguistique et poésie

A signaler : la sortie du numéro 24 de la revue de sémio-linguistique des textes et discours, SEMEN, coll. Annales Universitaires, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2007.
Numéro coordonné par Joëlle Gardes Tamine & Michèle Monte : Linguistique et poésie : le poème et ses réseaux.
Contributions de M. Monte, J. Gardes Tamine, H. Laroche, L. Victor, J.-M. Gouvard, J.-M. Adam, U. Heidmann, M. Dominicy.

25 octobre 2007

Publication :
Pierre Brunel, Le premier Verlaine. Des Poèmes saturniens aux Romances sans paroles, Paris, Editions Klincksieck, Collection "Jalons Critiques" n°9, Paris, 2007, 400 p.

Autre publication à signaler :

Bruno Curatolo & Jacques Poirier (dir.), Le Style des philosophes, Besançon, Editions universitaires de Dijon & Presses universitaires de Franche-Comté, "Cahiers de la MSH Nicolas Ledoux", série "Transmission, Identité, métissage", 2007, 388 p. L'ouvrage comporte 36 contributions.

Présentation :
Mettre en vis-à-vis "une pensée de l'écriture et une écriture de la pensée", telle est l'ambition de cet ouvrage. On lira d'abord une réflexion sur l'esthétique et l'imaginaire dans le champ de la philosophie, lorsque l'écriture des philosophes répond aussi bien aux canons d'une époque donnée qu'aux sollicitations les plus intemporelles de la "fabrique des songes". On verra ainsi que, du Moyen Age à nos jours, s'imposent tour à tour le souci de l'érudition, celui de la clarté, de la "belle langue" ou encore de la technicité, à côté d'un goût récurrent pour les fables et les contes. Vient ensuite une approche du style des philosophes dans son rapport à la construction même d'un système argumentatif autant qu'à divers modes d'expression : langage et littérarité donc, afin de sonder les voies de la création chez ceux de ces auteurs qui se sont situés, surtout à l'époque contemporaine, au carrefour de le pensée et de l'art : depuis Adorno jusqu'à Clément Rosset en passant par les acteurs essentiels du "décloisonnement" entre les disciplines : Foucault, Barthes, Lyotard, Deleuze ou Derrida. Les analyses ici proposées ouvrent des perspectives tout à fait neuves quant au dialogue entre philosophie et littérature dans l'espace de plus en plus étendu des "sciences humaines", à mesure que s'universalise le savoir.

A signaler comme parutions de livres :
Nathalie Heinich, Pourquoi Bourdieu, Paris, Gallimard, coll. Le Débat, 2007.
Arnaud Bernadet, L'Exil et l'utopie. Politiques de Verlaine, Publications de l'Université de Saint-Etienne, coll. Le XIXe siècle en représentation(s), 2007.
Arnaud Bernadet (dir.), Verlaine, première manière, Paris, Presses universitaires de France, coll. CNED, 2007.

21 octobre 2007

Parutions : la littérature dans le capitalisme tardif

Outre les traductions d'oeuvres théoriques anglaises et américaines majeures qui commencent à arriver en rangs serrés, mais aussi avec un retard d'appropriation frappant (Fredric Jameson, Homi Bhabha, Stanley Fish...), trois titres récents à noter :

  • Storytelling. La machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits, de Christian Salmon (auteur d'un article du Monde diplomatique dont j'avais parlé au premier séminaire Actualité critique). Paris, La Découverte, octobre 2007, 235p. Une enquête en effet "ébouriffante" (je cite), sur les noces néocapitalistes troubles du management des subjectivités avec la littérature, et ses Humanités. A rappocher des analyses de Jameson dans le tout récemment traduit, donc, Postmodernisme ou la logique culturelle du capitalisme tardif (trad. Florence Nevoltry, Paris, ENSBA, sept. 2007). A rapprocher aussi, si on en a le coeur, à l'usage disciplinaire de la référence à la littérature dans la "Lettre aux éducateurs", adressée par N. Sarkozy aux enseignants à la rentrée 2007 (téléchargeable).
  • Le Capitalisme cognitif. La nouvelle grande transformation, de Yann Moulier-Boutang (Editions Amsterdam, mai 2007). Pour suivre ce fil que Jameson nous mettait déjà dans les mains en 1984 (c'est la "logique culturelle" qu'il analyse dans le capitalisme post-industriel), et qui gagne ces temps-ci une visibilité, et une prégnance pour l'intelligence du présent et ses repères idéologiques, très élargies : par exemple avec le Rapport Lévy-Jouyet (Rapport de la Commission sur l'économie de l'immatériel, intitulé "L'économie de l'immatériel. La croissance de demain" - 2006) pour le côté droitier, mais aussi le traitement de la question de "l'immatériel" et son rapport au travail depuis des zones marxistes de la pensée, avec Multitude. Guerre et démocratie à l'âge de l'empire, Michael Hardt et Toni Negri, La découverte, 2004.
  • Lire, interpréter, actualiser. Pour quoi les études littéraires?, d'Yves Citton, à paraître le 26 octobre aux Editions Amsterdam. On imagine qu'il fera un pendant assez révélateur à la leçon inaugurale d'Antoine Compagnon au Collège de France : La Littérature, pour quoi faire? (Collège de France / Fayard, mai 2007. Dénomination de la chaire : "de Littérature française moderne et contemporaine : histoire, critique, théorie"). De quoi instruire la question par laquelle l'université et les disciplines sont tenues par les techniques bien rôdées de la mobilisation, la réforme, et l'urgence, à cette rentrée scientifique : la valeur sociale des études littéraires, et des sciences humaines plus largement (on ira même bientôt jusqu'à : les sciences, tout court, il semble).

19 octobre 2007

Situation des intellectuels en 1977

Pour ceux qui comme moi cherchaient depuis longtemps le texte de Deleuze, "A propos des nouveaux philosophes et d'un problème plus général", et en particulier parce qu'il était rentré dans nos champs de discussion autour des Nouveaux réactionnaires, voici un lien, vers sa réédition électronique dans la site de la revue Multitudes. Le texte est daté de 1977, et avait été publié dans un Supplément de la revue Minuit, mai 1977, (n° 24). "Et distribué gratuitement", rappellent les rééditeurs.

Tourbillons de sable























Paris le 10 novembre 1947

Bien chers amis,

Souffrez que je réponde ensemble à ceux que mon amitié ne dissocie pas et qu'à S.H.C. de qui la jolie lettre m'a beaucoup touché, aussi bien qu'à H.C. messager d'importantes nouvelles, j'offre d'abord des excuses pour ce long retard. J'ai dû en rentrant partir pour quelques jours qui n'ont pas réussi à être du repos, et faire aussitôt face à tant et tant d'obligations (une semaine du matin au soir à un comité de l'UNESCO, six mois de correspondance en souffrance, et le BSL, et il y a beaucoup d'etc.), et il devait toujours se tenir cette réunion à la Direction culturelle... J'ai vainement cherché ces quelques heures qui fussent ce que tant d'heures étaient si facilement à Téhéran, silence, disponibilité allègre. Mais j'ai poursuivi les jours qui ont poursuivi les jours qui m'ont poursuivi.

Je vous l'ai dit, je comptais d'abord reprendre le chemin de l'Iran. Mais il faut savoir l'entreprise hasardeuse que représente cette traversée par les moyens locaux. Je n'avais plus aucune certitude d'arriver à une date donnée ; ce pouvait être encore un avion manqué et j'étais à bout de ressources. Quand j'ai reçu votre lettre et calculé les dates, j'ai vu de plus que nous n'airions pas pu nous rencontrer ; vous étiez sur la route de Mashad quand j'aurais suivi le trajet inverse. Comme je regrette néanmoins de n'avoir pas fait avec vous le pèlerinage de Mashad. Cette libation de l'âme, à l'aube, sur la tombe de Khayyam. Aviez-vous une jarre odorante, pour mêler le parfum à la prière ? Nous étions un peu sous la même inspiration, dans la sobria ebrietas de nos propos nocturnes à Téhéran, où, oui, nous avons parfois cru toucher à l'absolu.

De l'Afghanistan aussi j'ai gardé un grand souvenir, dans la mesure où j'ai pu momentanément faire taire celui de l'Iran. C'est surtout le souvenir de ces longues chevauchées le long de l'Oxus, dans ces gorges grandioses. J'ai rarement eu l'esprit aussi alerte que dans cette extrême fatigue physique, dans le bonheur de cette ascèse où concourraient un soleil de feu, la faim, les solitudes infinies, le sommeil à même le sol, et cette inextinguible curiosité de tout voir. C'était, je m'en suis rendu compte ensuite, une gageure que de tenter un pareil voyage avec aussi peu de ressources. Mais le résultat m'a amplement payé et une certaine imprévoyance ne déplaît pas au destin. [...]

(extrait d'une lettre adressée à Henry Corbin et à S. H. C (son épouse ?))
Sur la photographie, Emile Benveniste (dans l'arbre) est aux côtés d'Henry Corbin

18 octobre 2007

Polart dans Le Monde des livres

Chers amis, je me permets de vous signaler un article de Nicolas Weill, dans Le Monde des livres qui vient de paraître ce jour, sur mon livre Les Rythmes du politique. Démocratie et capitalisme mondialisé. Le titre en est un peu bizarre, n'étant pour ma part ni favorable à la cadence ni à la pensée postmoderne, mais le contenu assez fidèle à l'original. Il y est en tout cas fait mention du rôle central de la poétique, ce qui est rare et mérite d'être noté.

Bien cordialement à vous,
Pascal Michon
Pascal Michon : cadences postmodernes
LE MONDE DES LIVRES 18.10.07

S'il est une idée reçue, c'est celle de l'inexorable "mort" éditoriale des sciences humaines. Un tel discours vaut peut-être pour une partie des éditeurs qui ont pignon sur rue. Mais des gens parfois très jeunes se consacrent aux grandes pensées et redonnent vie à des notions comme la critique sociale ou la résistance par la culture.
L'essai de Pascal Michon, Les Rythmes du politique. Démocratie et capitalisme mondialisé, publié par Les Prairies ordinaires, constitue l'une des meilleures illustrations de cette mutation qui a amené une génération à reprendre à nouveaux frais le flambeau de la "Théorie critique". Cette théorie avait jadis été développée par l'Ecole de Francfort pour corriger le marxisme par une réflexion plus ouverte aux sciences sociales, plus intéressée par l'interaction entre sphère culturelle et économique, plus accueillante à la dimension utopique de l'espérance révolutionnaire.
A la fois historien et philosophe, Pascal Michon part du même paradoxe qu'avaient relevé en leur temps les sociologues Luc Boltanski et Eve Chiapello dans Le Nouvel Esprit du capitalisme (Gallimard, 1999). Il pose ces questions : comment la critique des années 1970 (incarnée principalement par Gilles Deleuze, Félix Guattari ou Michel Foucault) a-t-elle pu servir à certains de leurs disciples et héritiers de support à un ralliement aux valeurs du marché ? Comment des textes "anarcho-désirants" sont-ils devenus autant de machines de guerre contre toutes les formes d'actions de groupe ? Pourquoi la notion subversive de déconstruction en est-elle venue à délégitimer toutes les formations collectives qui freinent l'expansion de l'individualisme marchand (syndicat, souveraineté, Etat) ?
Sont plus particulièrement visés, ici, non seulement des foucaldiens devenus thuriféraires du libéralisme, comme François Ewald, mais également Antonio Negri et Michael Hardt, chantres des "multitudes". Pour Michon, un tel basculement s'explique par l'inadaptation du "moment déconstructeur" des années 1960-1970 aux réalités de l'ère postindustrielle. La pensée critique avait raison de défendre la mobilité contre les rigidités d'une époque où des "blocs" homogènes de traditions et de totalitarismes restaient à abattre. C'est moins légitime dès lors que l'"adversaire" a pris la figure d'une société globalisée, où l'hyperdynamisme libéral règne en lieu et place du bon vieux "capitalisme monopolistique d'Etat".

FLUIDITÉ DE L'INDIVIDU

Toutefois, l'auteur n'en reste pas à ce constat désabusé. Il propose de refonder la pensée critique sur des bases rafraîchies. Ainsi, pas question pour lui de revenir au structuralisme figé des "modernes". Que l'individu soit devenu fluide n'implique pas qu'il soit flottant ou chaotique. En mettant en avant la notion de rythme, il montre que la poétique pourrait devenir la grille de lecture d'une politique conçue comme gestion organisée et raisonnée des flux.
Il s'agit d'être sensible aux rythmes qui permettent de comprendre comment la société et l'individu s'engendrent réciproquement d'une manière dynamique. Ainsi, pendant les vacances, on existe plutôt pour soi et sur un mode plus individualisé ; de retour au travail, l'existence est davantage envahie par le social. De même, certaines sociétés primitives, comme les Nuers du Soudan étudiés par le Britannique Evans-Pritchard, offrent-elles déjà le spectacle d'une société alternant dispersion quasi totale et forte cohésion.
C'est faute de reprendre en main la "fluidification rythmique" que nous sommes absorbés par le courant de la mondialisation capitaliste et que notre vie se réduit à celle de citoyen-consommateur, soit une vie "à très faible intensité". A l'inverse, une démocratie bien comprise se définit comme "une machine politique à produire une individuation de qualité". Loin de pouvoir se ramener à de simples rendez-vous électoraux intermittents, la démocratie consiste à faire confluer la circulation infinie des rythmiques sociales tout en respectant leur variété - au rebours du totalitarisme.
On peut ici sourire tant cette évocation rappelle par son vocabulaire les rêveries des penseurs prémarxistes du XIXe siècle. Et pourtant cette association d'idée ne relève pas du hasard. Engels n'avait-il pas appelé les Fourier, Considérant, Leroux et Cabet des "socialistes utopiques" ? A lire Michon, ceux-ci sont plus que jamais d'actualité.

LES RYTHMES DU POLITIQUE. DÉMOCRATIE ET CAPITALISME MONDIALISÉ de Pascal Michon. Ed. Les Prairies ordinaires, 320 p., 17 €.

Nicolas Weill
Article paru dans l'édition du 19.10.07

16 octobre 2007

Manifestation pour la recherche publique : 18 oct.

Je fais passer cet appel à manifestation, émanant du collectif Sauvons la recherche :

16 octobre 2007 00:11:01
À : sauvons_la_recherche@lists.apinc.org
Objet : [SLR] Manifestation pour la recherche publique jeudi 18

Appel à manifestation pour la recherche publique, le 18 octobre 2007 au siège du CNRS, 3 rue Michel-Ange à Paris, et devant les directions régionales du CNRS.
Sans réaction forte de la communauté scientifique, nous allons assister à un bouleversement de l’organisation de la recherche française, qui l’affaiblira fortement. En particulier, le CNRS disparaîtra à court terme du paysage scientifique français. Tel est le sens du message qu’Yves Langevin, président du Comité National de la Recherche Scientifique (l’organe d’évaluation et de prospective du CNRS), vient d’adresser aux directeurs d’unités à l’issue d’un conseil scientifique avorté (lire la lettre : http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article1637).
A travers le CNRS, c’est le principe même d’autonomie scientifique qui est menacé. Il serait illusoire de penser que l’affaiblissement des autres organismes de recherche se fera au profit du développement des universités: les deux types d’organisations seront perdants, au profit d’agences contrôlées par le gouvernement. Ce démantèlement ne prendra bien entendu pas la forme d’un décret officiel, mais celui d’un grignotage progressif des missions des opérateurs de recherche, déjà largement engagé, et dont les principaux éléments sont les suivants :
- Les unités de recherche (« mixtes » ou « propres »), disposant de moyens propres, sont affaiblies, au profit d’ « équipes » concurrentes financées directement (et principalement) par l’Agence Nationale de la Recherche. Ce financement se substitue aussi à celui de la recherche universitaire dont les moyens progressent moins vite que l'inflation dans le budget 2008.
- Le Comité National, émanation directe de la communauté scientifique, se voit retirer toute mission d’évaluation et de prospective au profit de la nouvelle Agence d’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (AERES), qui est sous contrôle direct du ministère.
- Les personnels des EPST qui travaillent dans des unités mixtes de recherche seront gérés, si les projets actuels se réalisent, par les universités, au moment même où la loi pour l’université votée cet été met dans les seules mains des présidents d’université et de leurs conseils d’administration des pouvoirs considérables pour affecter les crédits, nommer les personnels, répartir les services d’enseignement ou encore moduler les salaires.

La disparition du CNRS aurait un impact majeur pour l’ensemble de la recherche française, tant son imbrication dans le paysage universitaire est forte. Mais elle aurait surtout une signification politique claire : elle signifierait qu’une institution scientifique peut être remise en cause par le pouvoir politique, non pas en raison de ses dysfonctionnements, mais parce que faisant preuve d’une trop grande autonomie. Car c’est bien cela qui est aujourd’hui reproché au CNRS. Cet organisme joue un rôle majeur dans la coordination nationale de la recherche qui permet à la France, en dépit de sa taille modeste, d’exister au plan international. Ses procédures d’évaluation et de recrutement sont parmi les plus rigoureuses. Les conditions statutaires et de travail offertes par le CNRS confèrent à cet organisme une capacité exceptionnelle pour attirer vers la recherche de jeunes scientifiques de très bon niveau, comme en témoigne actuellement un taux de recrutement d’étrangers de l’ordre de 22%.
Mais pour le pouvoir actuellement en place, tout cela n’est rien au regard de l’impératif de mise au pas du monde scientifique. Ce qui est visé au travers des réformes en cours et à venir, ce n’est rien de moins que l’existence d’un espace scientifique et intellectuel autonome, protégé de l’arbitraire politique par des statuts pérennes. C’est à ce titre qu’il faut nous mobiliser : non pour défendre une institution, mais pour maintenir les conditions de l’autonomie du savoir scientifique en France, dans les universités. Aussi, Sauvons la Recherche s’associe à l’appel au rassemblement le 18 Octobre à 10h (heure où se déroulera le conseil d’administration du CNRS), au siège du CNRS et devant les Délégations Régionales du CNRS.

Vous trouverez d'autres informations sur notre site concernant la situation actuelle : Budget 2008 : http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article163
Evolution du système de recherche : http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article1638
Et toujours la pétition sur les tests ADN : http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article1625